Mardi 12 et mercredi 13 janvier 

Après avoir passé deux jours à Cusco, nous reprenons le mardi le bus pour Arequipa, avec au programme un très très très très très très long trajet de plus de 12h, mais on fait nos riches et on prend des sièges avec plus d'espace histoire de survivre au niveau des jambes!

Nous passons deux nuits à Arequipa, et faisons nos dernières ballades péruviennes...

Le dernier soir, nous buvons un ultime Pisco Sour sur la terrasse au 5ème étage d'un bar qui borde la place d'armes, histoire de profiter une dernière fois de la splendide vue sur le coucher de soleil, la Cathédrale et le volcan Misti.


Jeudi 14 janvier 

Ça y est, on quitte le Pérou! On est tristes... 

Nous prenons le bus pour Tacna (dernier bus, ouaaaaaaiiiiiiiiiiiiiisssssssss!!!), pour un trajet de 6h quand même...

A l'arrivée, nous cherchons un taxi pour Arica, pour repasser tranquillement la frontière comme nous l'avions fait à l'aller.

C'est moins bien organisé que du côté chilien visiblement, car le mec ne se soucie pas de nous faire remplir la fiche d'immigration comme cela avait été fait l'autre fois...

On monte dans la voiture, et il nous annonce qu'il faut trouver encore deux autres personnes. Pas de souci, nous avons repéré deux touristes, et Clément s'empresse de les récupérer au plus vite et de les mettre dans la voiture! (À Pékin Express, on aurait gagné l'épreuve direct'!!!!).

Une fois tout le monde assis, il nous dit qu'en fait, il ne peut nous emmener que jusqu'à quelques centaines de mètres de la frontière, car aujourd'hui, il y a une grève des camionneurs et qu'aucune voiture péruvienne ne peut passer... 

Nous devrons marcher le long de la route pour atteindre le poste frontière de sortie du Pérou, puis marcher encore pour faire les quelques centaines de mètres entre les deux frontières, puis traverser la frontière chilienne, et reprendre un taxi chilien...

Bienvenue au Chili!

Facile me direz-vous??? Le détail dont on ne vous a pas parlé, c'est qu'on est chargé comme des mulets qui descendent à l'Oasis de Sangalle pour ravitailler les hôtels! 

Clément porte le gros sac, moi j'ai deux sacs à dos, et comme on a ramené aussi "quelques" souvenirs, ben on se trimbale encore un énorme sac plein de trucs! (Vous savez, les grands sacs en plastique rayés que prennent les gens pour retourner au bled!).

Bref, on a pas le choix, c'est la grève! LE jour où on arrive au Chili... Pas la veille... Pas le lendemain... LE jour de notre retour! (Ce pays ne nous aime pas!).

Le taxi nous dépose, on marche jusqu'à la sortie du Pérou (en mode gros galériens), coup de tampon, puis on marche (toujours en galère...), jusqu'à la frontière du Chili, on remplit un petit formulaire, on passe tous les sacs au scanner, tout le monde se fout de ce qu'on transporte (on aurait pu mettre un lama vivant dans notre sac géant, personne n'aurait rien vu...), et hop, nous voilà de retour au Chili!

Les douaniers nous indiquent que nous trouverons un taxi à la fin de la file de camion... Sauf que, la fin de la file de camion, c'est un petit point, loin, très loiiiiin à l'horizon...

On marche autant que faire se peut (beau placement d'expression pour les réunions du personnel, hein Bobby??), puis on largue toutes nos affaires au bord de la route et Clément part en courant vers la fin de la file de camion pour essayer de trouver un p..... de taxi. Sauf qu'il revient bredouille, aucun taxi à l'horizon.

Finalement, c'est un mec en 4x4 trop intelligent qui nous emmène dans sa voiture, car il a flairé la bonne occasion de se faire de l'argent en jouant au taxi clandestin!

Il nous dépose devant chez notre amie Rosa, que nous retrouvons avec grand plaisir avec sa sœur Monica.

Et notre Diego est toujours là! Il a un peu pris la poussière mais quand nous essayons de le démarrer, il part au quart de tour!

Nous mangeons avec nos deux amis, et faisons la rencontre du mari allemand de Rosa, avant d'aller nous installer dans une petite maison qu'elle nous loue pour quelques jours.


Vendredi 15, samedi 16, dimanche 17, et lundi 18 janvier

Nous passons quelques jours tranquilles à Arica (sous une chaleur terrible! Vous caillez vous en France, non?), à nous reposer de notre périple au Pérou et à profiter encore de derniers bons moments avec Rosa.

Le lundi, nous allons faire une petite "ballade" au Registro Civil histoire de voir où en sont nos papiers...

Comme on est des lèves-tôt, on est là-bas vers 10h, l'heure où bien sûr, il y a le plus de monde... Ticket de boucherie, "seulement" 15 numéros avant nous...

Quand c'est enfin notre tour, la petite dame nous reconnaît, regarde notre dossier, et nous annonce que notre demande est en attente au service juridique de Santiago. 

Bon, déjà, la demande est déposée, c'est une bonne chose! (On craignait qu'elle ne le soit pas, vu qu'on avait pas de nouvelles du notaire...).

Mais elle nous annonce aussi que si elle est au service juridique, c'est qu'il y a un problème. Cool. Elle propose d'envoyer un mail pour essayer de savoir pourquoi. (Oui, fais donc ça...).

Après le Registro Civil, nous allons passer le contrôle technique de la voiture, car ici, c'est tous les ans. On sent d'avance que ça va être la galère, mais finalement, notre Diego passe tous les points de contrôle sans souci. Ouf!

Dans l'après-midi, grâce aux identifiants que nous avons enfin récupéré ce matin au Registro Civil, nous arrivons à nous connecter sur le site pour voir l'état d'avancement de notre demande (modernitéééé!).

La demande est "rechazada"...
Dictionnaire. 
Rejetée. 
Ah merde... 

Pour le motif que "l'identification de l'acheteur n'existe pas dans la base". Ok...

Mail d'indignation au Registro Civil, mail d'insultes au notaire, mail larmoyant au consulat,... En español por supuesto!! On verra bien si ça donne quelque chose!

Dans la soirée, nous allons passer un dernier moment sur la plage avec Rosa et Monica à boire quelques bières et du vin en regardant les vagues...


Mardi 19 janvier

On charge Diego, aujourd'hui, on prend la route pour retourner vers Santiago.

Avant de partir, on découvre un mail du consulat, qui nous dit de prendre rdv au Registro Civil (merci, on n'y avait pas pensé!), et qu'ils interviendront seulement ensuite si le problème ne se règle pas.

Bizarrement, nous trouvons aussi un mail du notaire, (pour une fois qu'il nous répond), il faut dire que nous l'avions menacé dans notre mail de venir avec la télévision et la presse dire à quel point il faisait du mauvais travail! (Sur les conseils de Rosa... Visiblement ça marche!).

Il nous fait mille excuses, la personne qui s'occupe des voitures est en vacances (mon œil, pour ne pas dire mon c..!), mais qu'on lui envoie vite une copie de nos papiers pour qu'il puisse relancer la demande! (Mais tu les as déjààààà!!!).

Avant de partir, nous repassons par le Registro Civil pour comprendre pourquoi notre demande est passée de "en attente au service juridique" à "rejetée" en moins de 4h...

Ticket de boucherie... Mais la petite dame nous repère et nous fait signe de passer entre deux numéros... Elle a eu une réponse à son mail, et nous annonce le motif du rejet...

Asseyez-vous, vous n'allez pas y croire...

Nous avons rempli le formulaire pour le numéro RUT, en indiquant que Clément Richard s'appelait... Clément Richard! Jusque là tout va bien...

Sur le contrat de vente de la voiture, le notaire a écrit que Clément Richard s'appelait Clément Alfred Albert Richard, comme sur son passeport... Ici, ils utilisent les deuxièmes prénoms!!!!

Alors ok, nous on a mal rempli le formulaire au service des impôts! Mais y'a un monsieur, vivant, doté d'un cerveau, qui a tenu en main le passeport de Clément, qui a tapé le nom dans son ordinateur, qui a fait une photocopie du passeport, et qui n'a rien remarqué à tout ça???? Tout comme après lui, le vendeur (bon, lui, ça peut se comprendre, c'est vraiment le dernier des boulets...), le notaire et la personne du Registro Civil, qui avaient tous en main des photocopies des deux papiers????

Grrrrrrr... Nous avons comme des envies de meurtre...

La petite dame nous conseille de passer au service des impôts d'Arica, mais selon elle, nous devrons régler le problème à Santiago... Bon, de toutes façons on y va à Santiago... Ça nous fera une sortie!!

Nous passons au service des impôts juste à temps avant la fermeture (ben ouais, il est 13h45 quoi...), et l'employé reconnaît qu'il y a une erreur, pense que nous devons passer par Santiago mais propose quand même d'envoyer une copie de nos papiers par mail pour essayer de faire avancer les choses plus vite... (Ouais, fais donc ça...).

Tout ça pour deux deuxièmes prénoms... On hallucine vraiment!

On prend finalement la route après tout ça, et après 300km, nous nous arrêtons pour la nuit près des géoglyphes de Pintados, là où nous avions dormi à l'aller.


Mercredi 20 janvier

On se remet en route...

Tout se passe bien pendant 200km, puis nous arrivons à une douane où nous coupons le moteur 5mn, et en repartant, Diego décide de faire des siennes...

C'est une voiture automatique, et les vitesses ne veulent plus passer... La première passe, la deuxième aussi, mais à la troisième, la vitesse ne passe pas, et le moteur monte à plus de 4500 tours minutes... 

Bien entendu, comme à chaque fois que nous avons un problème de voiture, nous sommes en plein milieu du désert!

Nous arrivons tant bien que mal à une petite aire de repos dotée d'un restau, où nous laissons à Diego le temps de se reposer un peu. Le cuisiner, fin mécanicien, nous dit qu'il nous manque de l'eau, bidouille deux trois trucs, et nous indique que nous trouverons un mécanicien à 20km de là dans le petit village de Maria Elena.

Nous arrivons là-bas tant bien que mal, et trouvons le "garage"... Un petit bouiboui en bordel où nous sommes reçus par José, qui pense que nous avons un problème avec la boîte de vitesses (quel fin limier ce José, on s'en serait pas douté!). 

La première chose à faire selon lui est d'essayer de changer l'huile de la boîte de vitesse... Sauf qu'il n'a pas les outils pour démonter notre boîte, ni l'huile qu'il faudrait à remettre ensuite dedans... Nous devrons aller jusqu'à Antofagasta comme ça... (Ça va, y'a que 200 bornes à faire... À l'aise!).

Mais au passage, il nous répare quand même notre problème de chauffage, et refait fonctionner notre climatisation, donc nous n'avons pas tout perdu! (Dans le désert, c'est toujours appréciable d'avoir de l'air froid qui souffle plutôt que de l'air chaud... Quand on a une voiture qui roule...).

Mais le temps de faire tout ça, il est déjà tard, et nous n'avons plus le cœur à chercher un chouette endroit pour la nuit avec notre voiture qui roule mal. Nous nous offrons donc une nuit à l'hôtel... de police, c'est à dire que nous nous installons avec Diego devant chez les carabineros... On a bien rigolé!


Jeudi 21 janvier

En avant pour 200km en croisant les doigts pour que Diego tienne le coup!

Nous arrivons finalement à bon port, et faisons escale chez Chevrolet...

Un mécanicien fait un tour avec la voiture, et diagnostique lui aussi un problème de boîte de vitesses (au moins c'est bien, tout le monde est d'accord...). La première chose à faire est aussi selon lui de changer l'huile, mais il pense plutôt que c'est le disque de la troisième vitesse qui est foutu, et d'après lui, nous aurons beaucoup de mal à trouver cette pièce pour notre voiture... Ok, c'est clair et précis, on est dans la merde visiblement... En prime, il ne peut pas s'occuper de la voiture avant lundi...

On décide de retourner au garage qui nous avait changer la pompe à essence lors de la première panne (ben oui, c'était déjà dans la même ville, décidément, on est des poissards!!), mais ils ne s'occupent pas des boîtes de vitesses automatiques.

On arrive finalement devant un autre garage, spécialisé dans les boîtes automatiques, qui s'appelle France Transmissions Chile! Un signe???

Nous commençons à expliquer notre problème en espagnol, et quand nous disons au garagiste que nous sommes français, il commence à nous parler en français! Allelujah!!

C'est un chilien, qui a vécu plus de 30 ans en France. Quand il était jeune, il était dans la marine, et sous le régime de Pinochet, on lui a demandé de tuer les chiliens qui s'opposaient au régime, et comme il a refusé, on lui a proposé la prison ou l'exil... Il a choisi la France et y a monté une bonne entreprise de boîtes de vitesses dans la région de Bordeaux.

Bref. Il parle super bien français, et surtout, il a très envie de nous aider... Et il s'appelle Jaime (ça se prononce Rrrrrraymé), alors moi j'aime que Jaime aime aider les français dans la merde comme nous.

Faut dire qu'on est vilains, mais on lui a sorti un gros mensonge... (Les enfants, c'est pas bien de mentir...).

On lui a dit qu'on reprenait l'avion pour la France mardi, et qu'on avait rendez-vous avec l'acheteur lundi à Santiago, en espérant que ça fasse avancer les choses plus vite...

Et comme Jaime est super gentil, ça a marché... Il a tout lâché pour bosser sur notre voiture... Il avait la plupart des pièces qu'il fallait, et il a commandé les autres pour qu'elles arrivent en avion le lendemain (comme quoi, tout est possible au Chili...).

Il a directement démonté la boîte de vitesses, remplacé toutes les pièces foutues, tout nettoyé correctement, bref il nous a fait ça nickel! (Bon ça lui a pris toute l'après-midi et toute la soirée, faut dire que y'a quand même juste 2000 pièces pour la boîte de vitesses. Oui, 2000 pièces. Un bon casse-tête pour les enfants pas sages au centre de loisirs!).

Et en plus, parce qu'il est encore plus gentil que gentil, Jaime nous propose de rester dormir dans le garage, histoire d'économiser l'hôtel, vu qu'il sait d'avance que cette panne va nous coûter un bras...

Sauf qu'avant de s'en aller, il nous dit de ne pas nous inquiéter si nous entendons des bruits, un jeune apprenti boulanger est mort ici quand le garage était une boulangerie, et visiblement le fantôme de ce jeune homme hante parfois les lieux...

Ah, et il y a des souris aussi... Allez, bonne nuit!

(Nous faisons un bond de deux mètres plus tard dans la soirée quand le compresseur se met en route tout seul... Mais ouf, c'est seulement Jaime qui a oublié d'éteindre son pistolet à air...).


Vendredi 22 janvier

Jaime et son mécanicien se remettent au boulot sur notre voiture, on s'en veut un peu de notre mensonge, mais au moins les choses ont l'air d'avancer.

Pendant ce temps, de notre côté, nous partons vers le centre-ville pour essayer de retirer les 1200€ qu'il nous faut pour payer la réparation... (Oui oui, 1200€, plus d'un quart du prix de la voiture... Mais visiblement il nous a fait un prix d'amis!... Encore une fois, heureusement que nos parents sont là pour nous aider financièrement...).

Après quelques appels à nos banques respectives, nous arrivons à retirer ce qu'il nous faut, et retournons au garage, où nos sauveurs sont entrain de remonter la boîte de vitesse. Au passage, ils nous réparent aussi la fuite que nous avons au radiateur. (Oui, cette bagnole tombe en ruines!).

Nous passons la soirée à l'hôtel pour fêter nos 7 ans.


Samedi 23 janvier

Quand nous arrivons au garage, la voiture est prête, et Jaime nous attend pour aller faire un tour pour la tester.

Tout se passe bien le temps qu'on est en ville, mais arrivés à l'autoroute, le problème recommence, et la température de la boîte de vitesse augmente trop selon Jaime.

Retour au garage, il pense qu'il reste peut-être des saletés dans le carter, ou que le convertisseur de la boîte est foutue dans le pire des cas... Je lui dis tout de suite qu'avec la chance qu'on a, c'est sûrement plutôt le convertisseur!

Il redémonte, et effectivement, vu la couleur de l'huile, il pense que c'est le convertisseur... Ce coup-ci, il n'a pas la pièce, mais téléphone à un de ses amis garagistes... Lui non plus n'a pas la pièce... Il appelle donc un autre ami garagiste... Celui-là pense avoir la pièce, mais est en week-end à La Serena... 

Nous devons donc attendre lundi, et voir si ce garagiste a la bonne pièce, et sinon, c'est la notre qui devra partir en réparation à Santiago... Autrement dit, on est reparti pour 4 à 5 jours d'attente...

Notre mensonge prend alors de l'ampleur! Nous devons faire semblant de changer nos billets d'avion, et de contacter notre acheteur pour repousser notre rdv imaginaire...

Jaime nous propose de rester au garage pour le week-end. Mais cette fois-ci, nous avons le droit de monter à l'étage, où se trouve une petite pièce avec lit et cuisinière. Et en plus, on a un chien pour monter la garde avec nous! Canelo, (c'est le nom du chien!), est trop content d'avoir des copains pour le week-end!

En rentrant en France, on envisage de faire un CAP mécanique... Bonne idée non?

À très vite pour la suite de nos galères! Mais on garde le sourire!