... Ou le récit d'une semaine au paradis!
(Mais avec des petits bouts d'enfer!)


Vendredi 11 décembre

Nous quittons l'hôtel d'Arequipa vers 9h45 car nous prenons le bus de 11h pour Chivay, la porte d'entrée du Cañón de Colca.

La circulation est dense jusqu'au terminal de bus, et encore une fois, nous constatons que les péruviens roulent comme des fous! Ici, le code de la route semble un peu flou, ou alors, chacun l'interprète à sa manière!

Nous arrivons au terminal de bus, et en avant pour 5h de trajet pour rejoindre le Cañón de Colca! La route grimpe à travers les hauts plateaux andins, et nous atteindrons même les 5 000m d'altitude! Les paysages sont splendides, et nous voyons plein de troupeaux de vigognes. La route redescend ensuite jusqu'à 3 500m d'altitude, et nous arrivons à l'entrée du canyon.

Nous sommes immédiatement charmés par le paysage. De hautes montagnes, plusieurs volcans (dont un qui fume!), des cultures en terrasses, tout ce qui nous entoure est merveilleux! Et nous retrouvons enfin des paysages verdoyants, après les déserts arides du Chili!

Il faut savoir que ce canyon est le deuxième canyon le plus profond du monde, bien plus profond que le Grand Canyon aux Etats-Unis. (Petite leçon de géographie, le plus profond du monde, le canyon de Cotahuasi, est aussi au Pérou).

Le bus fait un arrêt rapide à Chivay, puis nous continuons vers Yanque où nous avons réservé un petit hôtel. Nous arrivons en fin d'après-midi, et sommes saisis dès la sortie du bus par la tranquillité de ce village. Après la folie touristique d'Arequipa, ça fait du bien!

La place est presque déserte, et il n'y a pas un bruit. Il n'y a que quelques papys qui se reposent sur les bancs de la place à l'ombre des arbres. 

Nous déambulons dans les ruelles à la recherche de notre petit hôtel, la Casa Bella Flor. Et là, nous nous sentons enfin au Pérou. Le vrai Pérou, sans hordes de touristes en circuits organisés.

Les ruelles sont encore en terre, les maisons semblent vieilles de 200 ans, il n'y a presque pas de commerces, et quelques mamies déambulent en habits traditionnels, magnifiques jupes colorées, collants en laine et chapeau à broderies.

Nous arrivons à la Casa Bella Flor, et tombons immédiatement sous le charme de ce petit paradis fleuri. Passé la porte d'entrée, on arrive dans un petit jardin coloré, empli de fleurs, de plantes aromatiques et d'arbres fruitiers. Quelques petites tables en bois avec tabourets en rondins permettent de profiter du jardin.

La chambre aussi est agréable, avec sa décoration péruvienne, tentures colorées et épis de maïs accrochés au mur, et son grand lit à 5 couvertures.

Et les propriétaires, Natalio et Hilde sont aux petits soins. On se sent vite comme à la maison, comme en famille. Et en plus, Natalio connaît tous les moindres recoins du Cañón et nous propose plein de ballades.

Il nous informe aussi que ce soir, c'est soir de fête à Chivay, le Wititi, pour célébrer la fin des 4 jours de célébration de l'Immaculée Conception.

Nous décidons donc d'aller passer la soirée à Chivay, et Natalio nous dit de prendre un colectivo sur la place du village. 

Le colectivo, c'est une espèce de minibus en plus ou moins bon état, qui peut transporter jusqu'à 15 personnes (alors qu'en vrai, il n'y a que 9 places!). On attend que le minibus se remplisse (ça peut durer longtemps!), et quand le chauffeur estime avoir assez de monde pour que sa course soit rentable, on y va. Ça fait un peu peur quand même! Pas de ceintures, entassés les uns sur les autres, le véhicule qui peine dans les montées,... L'aventure!

Nous arrivons à Chivay, et sommes tout de suite embarqués dans la fête. Sur la place centrale, de grands mâts décorés de fleurs forment une immense haie d'honneur, sous laquelle les hommes et les femmes dansent en habits traditionnels en faisant le tour de la place, au son de plusieurs groupes de musique. 

Nous nous laissons vite embarquer dans la danse, car la chorégraphie n'est pas bien difficile. Il ne nous manque que le costume et le chapeau! Leurs habits sont vraiment magnifiques, plein de couleurs et de broderies (il n'y a que le chapeau porté par les hommes qui est un peu ridicule, comme une sorte d'abat-jour).

Rapidement, les locaux nous offrent des gobelets de bière, qu'il faut boire cul-sec en jetant la fin de la mousse par terre, en offrande à la Pachamama. Il faut voir les mamies s'enfiler des bouteilles entières de bière tout en dansant, hallucinant!

Nous goûtons aussi à la cuisine de la rue, non sans une certaine appréhension! Mais on se régale! (On verra bien si ça passe...)

Après avoir profité de la soirée un moment, on se décide à rentrer vers Yanque pour être sûrs de trouver encore un colectivo, ce serait bête de devoir faire le retour à pied dans la nuit!


Samedi 12 décembre

Après le petit déjeuner, Natalio nous propose de partir à la découverte de Yanque. Nous déambulons dans les ruelles en sa compagnie, et il nous fait voir quelques ruines importantes du village.

Nous partons ensuite en colectivo vers Chivay pour voir le village de jour. Le colectivo tombe en panne deux fois avant de sortir du village, rassurant...

Nous arrivons à Chivay et décidons de déjeuner au marché. De petites mamies sont installées derrière leurs casseroles et proposent différents plats du jour. Il suffit de choisir celui qui fait le plus envie, et de s'installer à la petite table qui est devant la cuisinière. 

On nous sert une première assiette, avec riz, légumes et poulet, qu'on décide de partager tellement la portion est copieuse. Un délice! On se laisse ensuite tenter par une deuxième assiette, avec pâtes, bœuf, et mijoté de citrouille, et là encore, on se régale! Tout ça pour 10 soles, soit environ 2,70€... Imbattable! (Là encore, on verra si ça passe!)

Nous nous promenons ensuite au marché artisanal, où plein de vendeurs proposent ponchos, gilets, bonnets, chaussettes, et autres souvenirs péruviens. On se laisse tenter par les ponchos et les chaussettes, histoire de commencer à se fondre dans le style péruvien (Christina Cordula ferait un infarctus si elle voyait ça!).

En fin d'après-midi, nous voulons rentrer vers Yanque, mais le colectivo ne se remplit pas... Nous prenons donc l'autre moyen de locomotion local, la moto tchouk-tchouk!

Cette petite moto permet de transporter deux voyageurs à l'arrière dans un petit caisson. L'ensemble paraît précaire, ça tremble de partout, et la moto peine vraiment dans les montées! Mais la vitesse du véhicule permet de bien profiter des paysages!

Arrivés à Yanque, nous croisons dans la rue de notre hôtel une dame, qui a devant elle une grande bâche, et qui remue une sorte de céréale. Elle nous explique qu'elle débarrasse de ses impuretés cette céréale, qui sert à fabriquer la chicha, une boisson fermentée locale qui ressemble à de la bière. 

Nous l'aidons un moment. Avec une assiette, on ramasse sur la bâche la céréale, puis on laisse le contenu de l'assiette retomber, face au vent, qui chasse les reste d'épis et autres brins d'herbe. Le travail est mine de rien assez physique! Et elle, elle fait ça depuis ce matin!

Nous rentrons à la Casa Bella Flor pour le dîner. Natalio et Hilde nous font un cours sur la préparation de la soupe de quinoa, leur spécialité. Un vrai délice! Et après cette bonne soupe, nous enchaînons sur un poulet pané exquis, avec la meilleure purée que nous ayons jamais mangé! Et en dessert, une crêpe à la farine de quinoa avec confiture de lait... Des choses simples, avec uniquement des produits de leur jardin, un vrai festin!


Dimanche 13 décembre

Nous retournons nous balader à Chivay, pour organiser le départ du lendemain vers Cabanaconde, le dernier village du Cañón, d'où partent les chemins de randonnées vers l'oasis de Sangalle.

En fin de journée, nous marchons jusqu'à la sortie de Yanque pour aller aux Aguas Calientes de Chachani, les thermes d'ici! Trois piscines bien chaudes nous permettent de nous ressourcer en compagnie des locaux (par contre, quand tu ressors, tu te les pèles graaaaaave!).

Nous passons une soirée tranquille à la Casa et regardons les étoiles filantes dans le jardin, bien emmitouflés dans nos ponchos car il fait frais!


Lundi 14 décembre

Nous laissons quelques affaires inutiles chez Natalio histoire d'alléger nos sacs, puis nous partons vers Chivay prendre le bus pour Cabanaconde. 

En attendant le bus, nous achetons quelques fruits au marché, et découvrons un nouveau fruit, la grenadilla, dont le goût se rapproche énormément du fruit de la passion. Un régal!

Nous prenons le bus de 14h, mais malheureusement nous n'arrivons pas à avoir de sièges du côté droit, là où la vue est la plus belle sur le Cañón. Tant pis, ce sera pour le retour!

Quelques kilomètres avant l'arrivée, un condor passe juste à côté du bus, comme pour nous saluer!

Nous nous installons à l'hôtel Valle del Fuego, où le propriétaire nous donne tous les conseils nécessaires pour la randonnée au fond du Cañón.

Nous allons nous balader pour le coucher de soleil au mirador de Achachiwa. La vue est stupéfiante sur le fond du Cañón, et sur les parois immenses qui le bordent. (Les photos ne rendent absolument pas la sensation de profondeur!)

Et le plus fou, c'est que nous voyons des villages éparpillés de l'autre côté de la montagne, et les chemins de randonnée qui y mènent! On se demande bien comment les gens peuvent vivre aussi loin des routes! 

Nous apercevons aussi au fond l'oasis de Sangalle, et une partie du chemin de la randonnée que nous voulons faire demain... Ça s'annonce difficile!

Nous dînons dans le restaurant des locaux sur la place du village, et encore une fois nous nous régalons pour quelques soles.

Avant de dormir, nouvelle soirée d'observation des étoiles filantes! Nous n'en aurons jamais vu autant!


Mardi 15 décembre

Aujourd'hui, c'est randonnée vers le fond du Cañón!

Le Guide du Routard annonce 3h de descente, pour 4 à 5h de remontée, et déconseille cette randonnée aux personnes peu sportives. (Euhhhh, on est pas trop des sportifs nous, non???)

Je me réveille avec un nerf coincé dans le dos, ça commence mal! (Steeeeeeph, tu me manques aussi pour ça!... Pour les autres, si vous n'avez pas encore d'ostéopathe attitrée, Dr Stéphanie DOUCEY, rue James Barbier à Cernay).

On laisse le gros sac à l'hôtel, et on part avec le minimum, pour passer juste une nuit ou deux au fond de l'oasis.

10h42, départ! (Les gens normaux partent entre 5h et 7h, ou après 15h, pour moins souffrir de la chaleur... Mais on n'est pas des gens normaux...)

Après quelques centaines de mètres de chemin plat au bord des champs, la descente commence. Et elle durera jusqu'au bout de la randonnée...

Le chemin est difficile, la pente est raide et serpente en lacets, il fait chaud, il y a beaucoup de poussière, les pierres roulent sous nos pieds (mais n'amassent pas de mousse!). 

On voit l'oasis se rapprocher... Se rapprocher. Se rapprocher. Encore et encore, mais finalement, elle est toujours aussi loin... (Un peu comme dans Tintin!)

Après une dizaine de kilomètres, 1 200m de dénivelé, et 2h17 de souffrance pour nos genoux et nos cuisses, nous arrivons enfin dans l'Oasis!

Nous sommes au fond du deuxième canyon le plus profond du monde!! (Bon, va falloir remonter quand même, et on sent déjà que ça ne va pas être une partie de plaisir!)

Quelques petits hôtels se partagent le fond de l'Oasis, nous nous installons dans le premier, car ils ont l'air de tous se valoir.

On nous donne une petite casa, avec chambre (loin d'être parfaite) et salle de bains (loin d'être propre), mais pour une ou deux nuits, ça fera l'affaire!

Après un petit plongeon dans la piscine histoire de nous remettre de nos émotions, nous partons pour une petite marche vers le pont qui permet de surplomber le Rio Colca (ouais, on est des fous, on marche encore après la marche!)

Le pont est précaire, et se balance quand nous le franchissons et quand le vent souffle. Cent mètres plus bas environ, nous apercevons enfin le Rio qui dévale à travers les gorges. Splendide!

On nous sert dans la soirée un menu touriste, assiette de soupe et spaghettis bolos, pour 15 soles par personne, une véritable arnaque, mais les denrées sont difficiles à acheminer jusqu'ici, elles arrivent à dos de mules!

Dans la nuit, ce ne sont pas des étoiles filantes que nous voyons pour une fois, mais plein de petites lucioles! 

Mais avant de nous coucher, il nous arrive une drôle d'aventure! 

Dans l'après-midi, nous avions discuté pendant un moment avec un homme qui s'occupait des mules qui acheminent les provisions ou les touristes fainéants. 

Avant le repas, nous le voyons une première fois tourner autour de notre casa. Puis une deuxième fois après le repas. Et la troisième fois, il regarde carrément par la fenêtre alors que nous sommes à l'intérieur de la chambre!

Je sors lui demander ce qu'il veut, et il me dit qu'il est le vigile de l'hôtel... Ok... Mais je trouve ça louche quand même... Nous partons à la réception de l'hôtel demander s'il y a vraiment un vigile, et on nous dit que non... Rassurant! 

Mais le propriétaire de l'hôtel nous dit qu'il va aller s'occuper de ce monsieur... On se barricade quand même dans la chambre, on pose un piège à l'extérieur au cas où il reviendrait et on se prépare à ne dormir que d'un œil!


Mercredi 16 décembre

On se réveille avec des douleurs terribles dans les jambes, mais on décide de remonter quand même aujourd'hui, car il n'y a pas grand chose à faire à part lézarder dans l'oasis, et parce que l'histoire du psychopathe de la veille nous a quand même un peu refroidi! (On ne sait pas trop ce qu'il nous voulait finalement, nous voler, nous mater, nous tuer???)

Vers 10h, on entame la remontée... (Là encore, les gens normaux remontent à partir de 5h du matin, toujours pour éviter la chaleur... Mais on n'est pas devenu normaux en une nuit!)

Et vers 10h05, l'enfer commence!

Hier ça n'a fait que descendre, donc forcément, aujourd'hui, ça ne fait que monter!

C'est simple, j'en ai marre au bout de 20 minutes... Clément avance bien, mais moi, je peine derrière, j'ai le cœur qui bat la chamade, et surtout, les courbatures de la veille me font énormément souffrir.

Clément m'attend patiemment tous les deux ou trois virages, m'encourage, porte de temps en temps mon sac, mais rien n'y fait, j'ai vraiment du mal à avancer, ça grimpe trop! (Tout dans le mental??? Naaaan, ça marche pas!)

Du coup je râle, je me dis que je vais mourir ici ou attendre qu'une mule pour fainéant passe, même si c'est le lendemain! (Je pleure un peu aussi, avouons le!)

Mais nous voyons derrière nous un gros nuage noir qui approche, il faut donc avancer coûte que coûte...

Au bout de deux heures, on commence à peiner tous les deux... Mais on avance... En faisant une pause tous les deux virages...

Les derniers lacets sont un vrai supplice... Les jambes ne veulent plus plier... (En gros, on en chie graaaaaaave...)

On arrive enfin en haut de ce chemin de croix, et on en pleure de soulagement! Reste à parcourir les quelques centaines de mètres au bord des champs, et nous arrivons enfin, au bout de 4h22 de Souffrancessssssss (oui, j'ai mis un S majuscule et plein de sssss à la fin!).

C'est LA pire marche que nous ayons fait de notre vie... Et pourtant, on a grimpé des volcans en Islande et aux Açores... Très honnêtement, un véritable exploit sportif pour nous deux! On peut dire qu'on l'a fait! (Mais, "plus jamais ça!" comme dirait mon cher frère!)

Nous nous installons à la Casa de Pablo, un autre petit hôtel de Cabanaconde, et après une bonne douche, on s'offre une sieste bien méritée!

Dans la soirée, on part faire une marche vers les hauteurs du village pour profiter du coucher de soleil... Nan j'décoooooonnnne!!! Vous êtes dingues, on peut à peine marcher, et descendre les escaliers de l'hôtel est un vrai supplice! On a vraiment l'air de deux idiots à marcher en canard, on peut à peine plier les jambes!

On va manger un petit poulet pané dans un bui-bui du village et on se met vite au lit!

(Steph, y'a trop un business à faire ici si tu veux ouvrir un deuxième cabinet!)


Jeudi 17 décembre

Rien d'extraordinaire au réveil, on s'en doutait, on a trop mal partouuuuut! (Et on marche toujours en canard!)

Nous prenons le bus de 11h30 pour Yanque, et cette fois-ci, on arrive à se mettre du bon côté. Ben en fait on aurait pas dû... Le paysage est certes magnifique, mais le bus roule quand un même un peu près du bord... Frayeurs garanties!

On se réinstalle chez Natalio pour une nuit, pour récupérer aussi les affaires laissées chez lui.

On va à Chivay en colectivo pour manger au marché et faire encore quelques achats au marché artisanal.

De retour chez Natalio, on se repose un peu, avant de passer en cuisine pour aider à préparer le repas. Et surprise, un chef péruvien qui travaille en Suisse la moitié de l'année, Sepo, nous rejoint, et il nous montre comment cuisiner de l'alpaga grillé avec ses petits légumes. On se régale, encore une fois! (Papa, si y'a de l'alpaga chez ton boucher, je t'apprends!)


Vendredi 18 décembre 

Aujourd'hui, nous quittons à regret le Cañón de Colca... Nous sommes ravis d'avoir pris le temps de vivre hors du temps ici pendant une semaine.

Nous prenons le bus pour retourner à Arequipa, où nous allons nous poser pour deux nuits pour nous organiser pour la suite. Nous avons décidé de continuer d'abord vers Puno et le Lac Titicaca, pour passer Noël là-bas, et nous irons à Cusco et au Machu Picchu ensuite.


Les photos sont à voir dans l'album "Cañón de Colca"!
(Désolés, y'a pas la fin des photos, plus de batterie dans le téléphone pendant la randonnée, et impossible de transférer les photos de l'appareil photo à l'IPad, mais on vous fera un album d'inédits dès que possible!)